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Fragments de routes
7 juin 2010

Un jour à l'Opéra

Ils étaient une quinzaine : une poignée de lycéens affolés par l'approche du bac ; une ribambelle de collégiennes surexcitées et bondissantes. Aux premiers on a imposé de travailler un opéra de Bellini, I Capuletti e I Montecchi, dans le cadre de leur option musique ; aux suivantes, chorale du mercredi et comédiennes de fortune, on a proposé de participer au projet. Et ce petit monde a été mis en relation avec l'Opéra Théâtre d'Avignon pour finaliser le tout.
On vient d'en haut, on est plein de bonnes intentions, mais on n'a pas toujours su rendre compatibles les exigences de chacun.
De fil en aiguille, les lycéens se sont retrouvés livrés à eux-même pour placer leur voix, découvrir des notes qu'ils ne pensaient même pas pouvoir chanter, et peu à peu leur groupe a fait peau de chagrin. Les collégiennes de leur côté se sont adaptées, tant bien que mal, aux exigences des répétitions quotidiennes, motivées par le charme juvénile des lycéens solistes.
La date approche, nous ne sommes pas prêts. Trois adultes se relaient pour accompagner et soutenir les jeunes. Une illustre metteur en scène anonyme se démène et s'arrache cheveu sur cheveu pour redresser la barre et mener jusqu'au bout les enfants sur la scène. Et eux la suivent, dociles.
Leurs voix se développent en quinze jours à peine ; les corps méprisés des plus adolescentes se réveillent et brillent dans les costumes de l'Opéra ; les gestes hasardeux des jeunes comédiennes se posent et s'affermissent dans l'auditorium.
Le 6 juin, le spectacle est donné devant cent cinquante personnes et la claque est terriblement gratifiante. Ils sont allés jusqu'au bout sans presque une fausse note, sans presque un oubli, sans surtout perdre l'énergie que les adultes avaient perdue. Au milieu des saluts, l'anonyme metteur en scène, en tenue de Capulet, prend la parole :
"Les projets, il y a ceux qui les font et ceux qui les réalisent. Nous, nous les réalisons."
Merci les jeunes et les enfants, merci madame le metteur en scène, merci mes collègues d'avoir transformé ma viscérale peur que cela tombe à l'eau ou que ce soit minable, en la grande fierté de voir cette jeunesse se défoncer sur scène et nous offrir, ravis, un opéra : sombres Capellio et de beaux Roméo, d'impertinents Tybalt et les belles Juliette, de sages Frère Laurent et le chœur, et la foule de Vérone, pour nos yeux et nos oreilles.

bellini

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